Actus maritimité

Bara Breizh – Combinaison gagnante

Co-réalisation de l’architecte naval Coprexma et du chantier naval Gléhen, le Bara Breizh est le dernier-né de la flotte française, cinq ans après le dernier chalutier neuf de l’Armement Bigouden.

Un article de Quentin Bates, Hook&Net (FR & ENG)

L’armement gère une flotte de onze chalutiers de 22,30 mètres à 24,95 mètres au port du Guilvinec. Le Bara Breizh remplace le second des plus anciens chalutiers de l’entreprise, le Bara Heiz, vendu en Mauritanie, tandis que le plus vieux des chalutiers a été récemment transformé et sera maintenu dans la flotte.

Un second chalutier neuf, sur le même design est en construction au chantier Gléhen à Douarnenez. Nommé pour le moment Bara XVII, il sera livré début 2019 et remplacera un autre des vieux navires de l’armement.

« Il est important de renouveler la flotte » affirme Soazig Le Gall-Palmer, présidente de l’Armement Bigouden. « Mais nous devons aussi être compétitifs pour financer ces nouveaux navires. Cela fait cinq ans que nous avons construit notre précédent chalutier ; c’est trop long. »

« C’est une décision importante, mais si nous ne construisons pas, nous restons à la traîne. On ne peut pas continuer à pêcher avec de vieux bateaux dont les coûts d’entretien et les arrêts techniques augmentent avec l’âge. Et nous ne pouvons pas continuer à faire travailler des équipages sur de vieux bateaux alors qu’il leur faut plus de confort et de meilleures conditions de travail, » ajoute-t-elle. « Un bateau neuf cela coûte cher, mais l’entretien cela coûte aussi cher. »

Le Bara Breizh dispose d’une cale à poisson d’une capacité de cinquante conteneurs de 660 litres et 23 conteneurs de 460 litres ainsi qu’une zone de vrac de 30 m3 permettant éventuellement de garder les rejets à bord et de répondre à l’obligation de débarquement. Les réservoirs sont d’une capacité de 41.87m3 de carburant et 6 200 litres d’eau.

D’une longueur de 24,95 mètres et d’une largeur de 7,80 mètres, le Bara Breizh intègre de multiples développements dans sa conception, notamment en matière de consommation de carburant avec son moteur principal Caterpillar 3512 d’une puissance de 600kW qui entraîne une hélice à pas variable d’un diamètre de 2,40 mètres via un réducteur Masson Marine W7400RNEW d’un rapport de 1/6,438.

La propulsion a été optimisée avec une hélice plus efficace et de plus grande dimension que celle installée sur le navire de 2012. Afin de réduire le tirant d’eau et de faciliter l’accès au port du Guilvinec, dont la limite est à 4,50 mètres, l’hélice est logée sous une voute à l’arrière de la coque.

Le chantier Gléhen a aussi innové dans l’optimisation de la production en travaillant en amont avec Coprexma pour permettre la construction par blocs et améliorer la productivité du chantier.

Le Bara Breizh est équipé d'apparaux de pont Bopp : deux treuils de chalut TS50 montés de chaque côté du pont principal sur la plage arrière et un troisième treuil central pour la fune milieu, situé sur le pont supérieur ; quatre enrouleurs de chalut ECH35 montés sur le portique ;  un enrouleur à l’avant de la coursive et deux treuils de caliorne TCH18MF. Bopp a également fourni l’appareil à gouverner DEA80-200 du Bara Breizh.

Sécurité et confort

Une grande attention a été accordée aux espaces de vie et de travail, bien que Soazig le Gall-Palmer souligne que le résultat ne soit pas entièrement satisfaisant, des compromis ayant dû être trouvés dans le cadre des restrictions limitant l'espace disponible à bord.

 « C’est mieux que les vieux bateaux mais ce n’est pas aussi bien que nous le souhaiterions. Le problème c’est que le pont de travail sert autant à travailler sur les engins de pêche qu’à manipuler les captures, et il n’y a pas assez de place pour tout, » déplore-t-elle.

« Nous avons beaucoup travaillé sur les manutentions ainsi que sur les locaux de l’équipage, car nous voulions améliorer leurs conditions en leur apportant plus de confort en mer. »

Le confort est considérablement amélioré par rapport aux chalutiers plus anciens, avec plus de cabines individuelles et un plus grand espace personnel pour l'équipage, ainsi que la climatisation et la ventilation partout. L’isolation phonique a été renforcée dans les zones de vie, ce qui réduit au minimum les niveaux de bruit et de vibration.

Gilles Lazard a pris le commandement du Bara Breizh avec tout son équipage du Bara An Ty désormais repris par celui de l'un des plus vieux bateaux de la flotte.  Les mouvements de personnel s’enchainent à l’armement avec le départ du Bara Heiz pour la Mauritanie.

« Gilles Lazard est avec nous depuis longtemps et a eu sa première expérience en tant que patron à l'âge de 21 ans comme second sur un de nos chalutiers », se félicite-t-elle, ajoutant que l'équipage a été étroitement associé à la conception du bateau.

« Cela a été très positif de travailler ensemble et nous a apporté de nombreuses idées. »

Le Bara Breizh navigue avec un équipage de sept personnes ; avec une rotation de cinq en mer et deux à terre.

« Il y a plus d'électronique en timonerie, y compris le nouveau sondeur multifaisceaux SeapiX. C'est un système très sophistiqué et nous espérons que cela fera la différence. Le Bara Breizh a aussi un sonar, comme les deux précédents bateaux, et ceci en partie parce qu’il pratiquera aussi le chalutage pélagique pour le thon entre juillet et octobre », explique-t-elle, en ajoutant que les dernières saisons au thon n’ont pas été aussi bonnes qu’espérées mais que la saison 2017 a été meilleure.

« Il y a aussi plus de thon rouge et nous voyons de plus en plus de thons obèses chaque année. Nous avons un quota pour le thon germon, plus un petit quota pour le thon rouge, fixé par l'ICCAT », précise-t-elle, en soulignant que si le quota de thon rouge a augmenté, cela ne se traduit pas par des revenus significatifs.

« Une augmentation de 20% sur peu, cela fait toujours peu. Les volumes sont faibles et le thon rouge a aussi perdu de la valeur avec la chute des prix sur le marché français.

« En général, la pêche est bonne, mais nous avons des quotas limités et les populations de poissons ont changé. L’églefin ou la raie posent problème. Nous ne comprenons pas non plus pourquoi des espèces telles que l'aiguillat commun et certaines raies sont sous TAC zéro, car nous en voyons de plus en plus sur les lieux de pêche. Comme toujours, une interdiction de pêche se met rapidement en place, alors qu’il faut un temps interminable pour qu’elle soit levée », déplore-t-elle.

« Il y a une différence entre ce que nos patrons voient et ce que les scientifiques évaluent, car leurs informations remontent généralement à deux ans.

Soazig Le Gall fait aussi remarquer que si le Bara Breizh a un bon équipage très expérimenté avec un palmarès en matière de débarquements, tous ont conscience des possibles difficultés à attirer du personnel à l’avenir. »

« Nous sentons venir les difficultés alors nous recrutons des jeunes qui ont un réel potentiel de patron. Nous en prenons un chaque année qui passe la moitié de son temps à l’école et l’autre en mer, et nous recrutons également activement des navigants au pont – mais là où nous avons de réelles inquiétudes pour l’avenir c’est pour l’embauche de mécaniciens ». « Nous parvenons à trouver des techniciens bien formés, mais généralement ils ne connaissent rien aux bateaux ni à la pêche, et nous avons besoin de mécaniciens qui aient aussi cette expérience. »


<  Retour actus