Reportages

Le Ministre de la Mer Frédéric Cuvillier en visite en Bretagne sud

« Je ne suis pas le Ministre des quotas, je suis le Ministre de la Mer, de la pêche et cela inclue les gens de mer, la formation et le droit social » . « Je veux montrer quela croissance bleue est un enjeu majeur à faire connaître à une France un peu trop terrestre ». Sans oublier la construction et la réparation navale, voilà en substance le message que voulait faire passer Frédéric Cuvillier, lors de sa visite en Bretagne, le 6 décembre dernier, dans les ports de Lorient, de Concarneau et du Guilvinec. S'inscrivant dans le discours de Biarritz pour une Politique Maritime Intégrée, il a annoncé la tenue « d'États Généraux de la Formation aux Métiers de la mer début 2013 », en faisant même sa priorité.

Une visite symbolique, guidée par Olivier Le Nezet, président du Comité Régional des Pêches Maritimes et des Elevages Marins de Bretagne, juste avant les quotas de décembre. Parce que « la pêche n'est pas qu'à Bruxelles ». Aux criées de Lorient et du Guilvinec, le Ministre est aussi venu voir le produit. « un déplacement ministériel aux mailles serrées qui permet de "filtrer" Paris, et de réunir les acteurs nationaux, régionaux et départementaux ainsi que la Direction des Pêches....et ça passe à Bruxelles » plaisante Gérard Romiti, président du CNPMEM.

Un Ministre à l'écoute des pêcheurs

À Lorient, qui poursuit son objectif de port de pêche durable, il a rencontré tous les acteurs de la filière, professionnels et collectivités territoriales, « présents - affirme Norbert Métairie, président de Lorient Agglomération - pour soutenir notre Ministre, et lui apporter notre appui, notre détermination et notre co-expertise », Frédéric Cuvillier a rappelé son engagement personnel pour défendre la pêche profonde dont il avait annoncé, dès le mois je juillet 2012, la position de la France : un symbole et un sujet dont il était imprégné bien avant d'être ministre. Pour Cécile Bigot, directrice des Pêches Maritimes, « l'augmentation des quotas de certaines espèces est un signe positif pour la filière ». Et de remercier le président du CRPMEM de Bretagne pour « le travail de tous les acteurs en faveur de la pêche profonde. »

La réforme de la PCP

« Sur la réforme de la PCP, nous avons beaucoup avancé et nous comptons beaucoup de sur l'expérience de la Bretagne. Le dialogue renouvelé avec les professionnels, les collectivités et les élus qui se mobilisent, qui savent investir dans les outils et les infrastructures, est exemplaire. Et Le port de Lorient gagne de l'argent. Cela laisse rêveur ! » .

« Nous avons ouvert des portes avec la modernisation de la flottille. Il faut faire comprendre qu'il s'agit de mieux pêcher et pas de pêcher plus ». « L'Europe nécessite de mener des combats et j'ai pris l'engagement d'être à chacun des rendez-vous européens. Et c'est bien de ne pas y être seul, comme ce fut le cas en juin quand la France n'avait pas à ses côtés les partenaires nécessaires. Nous avons décidé depuis ce jour là d'avoir un contact permanent avec les autres pays. Pour le FEAMP en juillet nous étions 15 pays autour de la table » . « Les Concessions de Pêche Tranférables, nous nous y opposons » (cela reviendrait à une "marchandisation" des quotas), « nous avons obtenu un calendrier plus acceptable de 2015 à 2020 pour atteindre le Rendement Maximum Durable et les données scientifiques sont encourageantes. Pour le "zéro" rejet, nous sommes extrêment minoritaires sur le sujet mais nous avons obtenue des assouplissements. »Le Ministre entend négocier la réforme point par point.

Sur le terrain, le Ministre de la Mer est aussi venu à la rencontre des pêcheurs, de la pêche hauturière et de la réalité de la pêche artisanale . À Lorient, il est monté à bord du Maliwan, chalutier langoustinier de 32 ans, commandé par Erwan Quer, jeune patron artisan de 24 ans. L'occasion pour Olivier Le Nezet, de rappeller que ce si pour le Ministre, « cette aide à l'installation des jeunes sont une reconnaissance de métiers d'avenir » ; « Ce ne sont pas les 50 000 euros du FEAMP qui vont financer un bateau neuf qui se chiffre plutôt à un million d'euros ». «lI est nécessaire d'accompagner l'installation des jeunes pêcheurs. Le renouvellement de la flotte est nécessaire, non pas pour pêcher plus mais pour mieux pêcher ». Frédéric Cuvillier a aussi visiter le Claude Moinier II, chalutier hauturier de 33 mètres de l'armement Scapêche. Au Guilvinec, c'est Laurent Moullac, directeur technique de l'Armement Bigouden qui a accueilli le Ministre à bord du chalutier de 25 mètres, le Bara Pem Dez II, après qu'il ai entendu les pêcheurs en réunion à la criée du Guilvinec .

 

Réparation navale

À Concarneau, le Ministre s'est arrêté sur le slipway et a visité le chantier Piriou. Le chantier construit actuellement un chalutier de 22 mètres à la senne danoise pour l'armement vendéen de pêche artisanale, l' ACAV ainsi qu'un Bâtiment de Formation Maritime (BFM). l'ALMAK" sera exploité par navOcéan, la société créée conjointement par PIRIOU et DCI.

Jean-François Garrec, président de la CCI de Quimper, gestionnaire des 7 ports de Cornouaille, a rapellé l'urgence de la mise aux normes environnementales de l'outil portuaire (échéance réglementaire 2015) et de sa modernisation : remplacement du slipway, couverture de la cale-sèche.. Philippe Le Carre, à la direction des ports a fait état des nombreux investissements déjà réalisés, comme la toute nouvelle glacière du port de pêche. « Des investissements indispensables pour le développement et la compétitivité des entreprises. » a souligné Bruno Rouyer, président de l'Interprofession du Port de Concarneau. Sans s'engager, le Ministre a évoqué un rendez-vous avec les industriels de la filière navale française. Rappelons que le Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault a avalisé le programme Océans 21 porté par le GICAN (Groupement des industries de construction et activités navales) : 17,1 millions d'euros pour le renforcement de la compétitivité de la filière industrielle navale.

Le Ministre a ensuite fait route vers Le Guilvinec où il a été accueilli au Lycée maritime par par David Chevrier maire de Treffiagat et Jean-Pierre Tanneau maire du Guilvinec venus présenter le projet du futur port de plaisance « durable ».

Des ingénieurs des mers

Au Lycée Professionnel Maritime du Guilvinec, on met le Cap sur l'avenir et on choisit « La Mer Comme Métier ». À la rencontre des jeunes, Frédéric Cuvillier a exprimé son souhait de consacrer du temps à la formation maritime et d'engager un débat sur le cursus. La profession peine à recruter et les métiers sont mal connus. Rejoignant la position du Comité des pêches et celle du Lycée maritime qui a engagé une communication active et positive depuis plusieurs années, le Ministre a souligné que « la question de la communication est un enjeu majeur. Il faut cesser d'être défensif et valoriser les métiers , les expériences et les enjeux scientifiques ». L'organisation dès janvier 2013 d'États Généraux de l' enseignement maritime devra permettre « de replacer les formations maritimes dans une visison plus générale des métiers de la mer ». Plus tôt, à Lorient, le Ministre avait déclaré « attendre la feuille de route de l'Ecole Nationale Supérieure Maritime (ENSM) et de son nouveau président Hervé Moulinier, pour la valider. » Il a aussi dit vouloir conserver les 4 sites des écoles de Marine Marchande, développer la formation dans les lycées maritimes avec des BTS et ouvrir les métiers de la mer à des formations universitaires. Olivier Le Nezet ajoute que la profession « souhaite que la formation continue maritime aujourd'hui adossée à un GIP, soit aussi ratachée à l'ENSM ». De quoi satisfaire la profession, en tête de laquelle Gérard Romiti pour qui « nous formons aujourd'hui les ingénieurs des mers et halieutes de demain, et le pêcheur est un maître de stage porteur du savoir à transmettre ».

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