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D'honneur et à l'honneur

L'un reçoit la Croix de Commandeur de l'ordre du Mérite Maritime, l'autre décline celle de Chevalier... Tous deux sont hommes d'honneur et des acteurs émérites de la pêche lorientaise. 

Maurice Benoish, l'homme de la coopération maritime et de la solidarité portuaire a reçu la plus haute distinction de l'ordre du Mérite Maritime, sous le haut patronage du Ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian qui « salue sa passion pour Lorient, pour la pêche et pour la Bretagne. » Commandant d'un chalutier à 23 ans, directeur d'armement, patron-artisan, Maurice Benoish est l'un des fondateur de la coopération maritime et Président de la SEM Lorient-Keroman depuis 1997. Il a su rassembler, dynamiser et moderniser le port de pêche de Lorient, aujourd'hui l'un des deux premiers ports de pêche français. Tout Keroman est là pour lui rendre hommage ce samedi 24 janvier, sa famille, ses collègues, ses amis.

« Une rencontre qui remonte à 1977. Le jeune conseiller municipal avait les yeux qui brillent lorsque Maurice parlait avec passion du Métier, » se souvient le désormais Ministre d'Etat. « Votre passion maritime est ancrée dans le port de Lorient. Président de la SEM-Keroman, vous avez la capacité à rassembler les énergies, dans un port pacifié socialement, dynamique économiquement. Dans le respect de l'environnement aussi, » ajoute le Ministre, qui salue l'engagement de Maurice Benoish dans l'ONG Blue Fish et dans l'association France Pêche Durable et Responsable. 

Pour le président du port de pêche de Lorient-Keroman, « c'est une fierté de recevoir cette haute distinction des mains de Jean-Yves Le Drian », lui qui est le premier défenseur de la maritimité lorientaise. « Les marins sont les seigneurs de la mer ; une forme de noblesse,» déclare t-il avec émotion. Et le président du port d'insister sur le fait que rien n'est jamais acquis, qu'il faut sans cesse s'adapter, se battre et avancer. Et ce d'autant plus dans l'industrie de cueillette qu'est la pêche fraiche. « Il ne faut rien lâcher de ses convictions ».

C'est ainsi que l'entend l'autre homme de la coopération maritime à Lorient et surtout artisan des vocations à la pêche, passeur de passion. Eric Guygniec est présent ce samedi pour honorer son ami. Président de la coopérative maritime, il est le patron l'armement APAK qui gère 5 chalutiers à Lorient. Comme on l'a fait pour lui autrefois, Eric a toujours cherché à transmettre sa passion et à passer le flambeau aux jeunes pêcheurs, convaincu de l'avenir de son beau métier.

Mais voilà, des décisions arbitraires ont été prises à Bruxelles qui lui interdisent aujourd'hui de façon violente et abrupte d'aller exercer ce beau métier : fermeture de la pêche au bar au chalut pélagique de janvier à avril, décision sans appel, immédiate, sans prévenir, sans tenir compte des hommes, des jeunes qui avancent et qui veulent vivre de leur métier. « Surréaliste ! Nous avons la sensation d'être sacrifiés à des intérêts qui nous dépassent » a déclaré Maurice Benoish. Au Ministère de la pêche, jeudi dernier, Eric, les représentants de la profession,  du port, du territoire sont allés chercher des réponses. On leur a proposé de l'argent public ; une indemnité pour les bateaux qui restent à quai!

Alors quand Eric reçoit la lettre de la Ministre de l'Ecologie, lui annonçant qu'il était nommé au grade de Chevalier de l'Ordre du Mérite Maritime, son coeur a parlé : il ne pouvait accepter.

La profession est parfois accusée de ne pas respecter l'administration et les règles. Mais ceux qui font les règles, respectent-ils le pêcheur? Les raisons pour lesquelles il est nommé pour recevoir ces honneurs sont les mêmes qui font qu'il ne peut pas les accepter : c'est un type bien ; un homme droit, un homme de conviction qui ne souhaite qu'une seule chose : vivre de son travail et avant tout, que les jeunes qu'il a aidés puissent en faire autant.

Yohann, Frédéric, Christophe, et Clément d'ici la fin de cette année, sont tous investis dans une pêche responsable, une pêche d'avenir. On voudrait les payer pour rester à quai. Eric s'y refuse : « Je ne veux pas d'argent public. Moi et mes gars, l'argent, on le gagne en travaillant. » Et il ajoute avec tristesse : « Autrement, cela n'a pas de sens. J'en arriverais à regretter de les avoir aidés à s'installer» 

C'est d'abord cela le mérite. A Lorient, ce 24 janvier, des hommes d'honneur sont à l'honneur.

 


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