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Euromaritime 2015 : la pêche en question

Dans les stands et les allées ou les workshops, la pêche était aussi à l'ordre du jour du salon Euromaritime

S'il est bien un sujet européen, c'est la pêche maritime. La nouvelle Politique commune des pêches est désormais en oeuvre, avec son objectif de développement durable et responsable. Activité clé de la croissance verte et bleue, la pêche est un secteur toujours en pleine évolution qui connait aussi des incertitudes et de nombreuses controverses alimentées par certaines ONGE radicalistes. Mise en oeuvre du FEAMP, interdiction des rejets bientôt généralisée à toutes les pêcheries, renouvellement de la flottille et des hommes, formation, valorisation...autant de sujets abordés par les politiques et les acteurs de la profession sur le salon Euromaritime 2015.

Lors de son discours inaugural, le commissaire européen à l'environnement, aux affaires maritimes et à la pêche, Karmenu Vella explique que «si la pêche est l'un des secteurs «traditionnels» de l'économie bleue, ce n'est pas d'une façon traditionnelle que l'Europe la pratique aujourd'hui. Car nous pratiquons désormais une pêche plus responsable.» Il a rappelé qu'en 2010, seulement cinq stocks évalués étaient exploités durablement alors qu'aujourd'hui, nous en atteignons au moins 31. « Plus les stocks atteignent des niveaux durables, plus il y aura d'emplois pour les pêcheurs de demain, selon le commissaire. C'est la raison pour laquelle la Commission s'appuie sur des avis scientifiques lors des propositions de quotas de pêche, pour nous assurer de continuer à aller dans la bonne direction ; L'Europe soutient aussi l'innovation technologique, pour s'assurer que nous prenons seulement le strict minimum de nos ressources. Cette tendance, déclare Karmenu Vella, se poursuivra jusqu'à ce que tous les stocks soient pêchés durablement, d'ici 2020 au plus tard. Nous aurons 15 millions de tonnes de poissons en plus dans la mer. Cela permettra aux pêcheurs de pêcher plus de poissons, ce qui pourrait signifier 30% d'emplois supplémentaires et plus de € 1,8 milliards de revenus dans le seul secteur de la capture.»
Sea to sea a pu échanger quelques mots avec le commissaire Vella : Son prédécesseur, Maria Damanaki, qui avait inauguré la première édition d'Euromaritime , a été fortement critiquée pour ses prises de positions pro environnementalistes - rappelons qu'elle a d'ailleurs rejoint depuis une grande ONGE américaine - Nous avons donc interrogé M. Vella qui est à la fois en charge des affaires maritimes et de la pêche mais aussi de l'environnement sur la façon dont il peut mener une politique équilibrée prenant à la fois en compte l'environnement, le développement économique et le facteur social, concernant les pêches maritimes. Celui-ci a d'abord souhaité rendre hommage au travail effectué par Maria Damanaki, indiquant « qu'elle avait largement contribué à atteindre le seuil du RMD (Rendement maximum durable) pour de nombreuses espèces et que les nombreux efforts réalisés pour la préservation de la ressource et des écosystèmes serviront les intérêts économiques de la filière. Pour lui il n'y a pas d'opposition entre économie de la pêche et environnement. C'est un tout indissociable, moteur de la croissance bleue. »
Comment accompagner le secteur qui connaît des difficultés, une flotte vieillissante et des problèmes d'attractivité? Pour Karmenu Vella, le FEAMP est l'outil qui permettra de soutenir les initiatives en faveur de l'éducation et de la formation des jeunes, aider à acquérir de nouvelles compétences et à développer l'attractivité de la pêche. Le commissaire européen rappelle d'ailleurs que la pêche c'est toute une filière, pas seulement la capture, et qu'il y a beaucoup d'action menées et d'autres à développer en faveur du secteur de la transformation, de la logistique, de la commercialisation... autant d'activités et de métiers à forte valeur ajoutée qui sont facteurs d'attractivité pour les jeunes et l'avenir du secteur. Le commissaire européen fait aussi du développement de l'aquaculture une priorité. « Parce que la demande mondiale en poissons, ressource alimentaire majeure, est toujours à la hausse, et que l'état des stocks ne permet pas d'y répondre, non seulement en Europe, mais presque partout. L'aquaculture est selon lui la meilleure façon de combler le fossé entre l'offre et la demande en développant une aquaculture durable. L'aquaculture est vraiment la poule aux œufs d'or. Et pour aider sa progression, l'Europe est prête à rendre la vie plus facile pour les PME aquacoles. C'est un secteur performant et respectueux de l'environnement, des normes sanitaires et des intérêts des consommateurs. Nous voulons que cela continue, a t-il ajouté, et même l'améliorer en coopérant avec l'industrie, en parrainant des recherches sur les maladies des poissons et leur prévention par exemple. Grâce au programme "Horizon 2020", plus de 40 millions € ont été consacrés à ce type de recherche entre 2014 et 2015.»
Comment le commissaire voit-il l'avenir de la pêche? Il est confiant, dans un développement durable des activités à la fois de capture et d'aquaculture, pourvoyeur de nouveaux emplois. Cela grâce à la recherche, à l'innovation technologique et la valorisation.

Au salon, chantiers et équipementiers travaillent à la conception de navires de pêche du futur, au développement de la sélectivité des engins de pêche, à la valorisation des captures, à la transformation et l'amélioration de la qualité des produits aquacoles. Un atelier sur le thème de la "valorisation des bioressources marines" a réuni plusieurs acteurs de la filière , animé par Rachel Portal-Sellin, de la technopôle de Quimper et du Pôle Mer Bretagne Atlantique. Giuseppe Sciacca de la CRPM a abordé la croissance bleue et la Politique commune des pêches, l'aquaculture et les biotechnologies. Georges Bernard, du chantier éponyme a développé le projet Megaptère, un catamaran de pêche du futur, plus respectueux de l'environnement, plus ergonomique et plus efficace énergétiquement. Sur le thème de meilleures pratiques de pêche grâce à la technologies, Pascal Larnaud, directeur d'Ifremer Lorient, a rappelé les fondamentaux de la sélectivité et Olivier Le Nézet, président de Blue Fish, l'association européenne de promotion de la pêche durable et responsable, l'engagement de tous les acteurs en faveur du développement durable des activités. L'association, parainée par Ségolène Royal, Ministre de l'Ecologie, s'est d'ailleurs engagée à mettre en place en France une "charte des bonnes pratiques de la pêche durable et responsable" au courant de cette année 2015. Enfin, sur le thème de l'aquaculture et des biotechnologies, vers un nouveau blue business intervenaient Marine Levadoux, CIPA/FEAP, Margriet Drouillon, Ghent University et Pi Nyvall Collén de la société OLMIX qui porte aussi le réseau Algae, pour le développement de la culture et de la valorisation des algues.

Nous attendions aussi la visite d'Alain Cadec, député européen, président de la commission pêche du Parlement Européen et nous avons croisés quelques armateurs à la pêche dans les allées du salon, certains avec des projets de construction neuve.Mais l'inquiétude majeure est bien celle du renouvellement des équipages et de la flotte de pêche artisanale et l'adaptation à la nouvelle Politique commune des pêches, comme en témoigne le discours d'Annick Le Loch, députée du Finistère, venue rendre visite aux entreprises innovantes du Finistère et que Sea to sea a interviewé sur le salon.



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